Revue Brulures - Edition Décembre 2012

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Editorial


Le fonctionnement des centres de brûlés est actuellement difficile sur le plan fi nancier en raison de la tarifi cation à l'acte, difficile sur le plan humain en raison de la démographie médicale, et modifi é par la réorganisation territoriale qui regroupe des unités, faisant au passage disparaître quelques lits... La prise en charge des enfants brûlés n'échappe pas à ces diffi cultés. Un enfant brûlé est-il d'abord un brûlé ou d'abord un enfant ? Il est les deux à la fois, très certainement et sa prise en charge doit répondre à la fois aux exigences techniques et spécifi ques des traitements actuels des brûlures mais aussi prendre en considération les spéci- fi cités pédiatriques tant sur le plan somatique que sur le plan psychologique. 40% des patients hospitalisés pour brûlure sont des enfants et 30% des hospitalisations pour brûlures concernent des enfants de moins de 4 ans. Il est donc légitime de se poser la question de l'organisation de leur prise en charge. La plupart des enfants brûlés sont des victimes d'accidents domestiques par ébouillantement notamment pour les moins de 4 ans : ce sont des brûlures souvent sur moins de 30% de la surface corporelle et de 2nd degré intermédiaire à profond. Ce ne sont pas, au sens du PMSI, des brûlures graves. Néanmoins, ces brûlures peuvent avoir des conséquences fonctionnelles et sur la croissance si elles ne sont pas prises en charge selon les recommandations de la SFETB. Les brûlés graves (2,8% des enfants brûlés) relèvent d'une prise en charge en centre de brûlés. Plus ces patients sont jeunes, plus il va falloir trouver une structure avec environnement pédiatrique. Une trentaine de lits est répertoriée au sein d'unités pédiatriques de traitement des brûlures en France métropolitaine, unités de structure et de fonctionnement aussi variées qu'il y a de centres. Sept centres de brûlés ainsi que les trois centres des DOM-TOM acceptent les enfants, le plus souvent au-delà de 2-3 ans ou au-dessus d'un certain poids. En effet, les nourrissons posent des problèmes très spécifi ques tant en ce qui concerne la réanimation, la nutrition mais aussi la cicatrisation et le potentiel de croissance. Pour les enfants plus grands, la prise en charge se rapproche de celle des adultes, même si on pourrait souhaiter un environnement pédiatrique (présence des parents sans limitation horaire, divertissements, scolarisation si l'état de l'enfant le permet).

Actuellement la plupart des enfants présentant des brûlures graves sont dirigés sur des centres de brûlés. Tous les autres enfants brûlés sont actuellement pris en charge en hospitalisation de façon très diverse : certains par les centres de brûlés et bénéfi cient alors de toute la chaîne de soins, d'autres sont pris en charge dans des services de chirurgie pédiatrique avec ou sans chirurgien à compétence de chirurgie plastique, d'autres enfi n sont hospitalisés en pédiatrie et greffés par des chirurgiens orthopédistes. Enfi n, un nombre de brûlures peu étendues, notamment les brûlures de la main des petits, sont parfois traitées en externe, confi ées à des infi rmières libérales bien démunies devant ces pansements diffi ciles à réaliser tant sur le plan technique que sur le plan de la douleur et qui trainent plusieurs semaines avant d'arriver à avoir un avis compétent... quand ce n'est pas déjà au stade de séquelles. Bon nombre de ces brûlures ne justifi ant pas d'une prise en charge de réanimation pourrait bénéfi cier d'avis en centre de brûlés, de soins délocalisés en milieu pédiatrique avec contrôle régulier et gestes chirurgicaux en ambulatoire ou en hospitalisation très courte dans le « centre de compétence ». Il convient donc de développer la prise en charge en réseau de soins ce qui permettrait à ces enfants de bénéfi cier des soins techniques spécialisés et de conditions d'hospitalisation plus pédiatriques et plus proche de leurs parents.

Pour ce qui est des soins d'aval, un certain nombre de centres de soins de suites et de rééducation pédiatriques dispose de lits pour la prise en charge des brûlés après la phase aigüe, répartis sur le territoire de façon à peu près homogène. Cependant le nombre de lits reste insuffi sant si tous les patients à risque fonctionnel devaient y séjourner. Des places d'hôpital de jour permettent la prise en charge de certains patients : confection d'appareillage de posture, bilans fonctionnels... Là encore le travail en collaboration étroite avec le secteur libéral s'avère nécessaire.

Quant aux soins thermaux, ils nécessitent la présence des parents en l'absence de centre d'hébergement pour enfants et adolescents. Souvent, l'organisation matérielle est diffi cile pour les familles (Allocation de présence parentale, MDPH,...) Cela est en cours d'évolution à La Roche Posay grâce à l'association « A sa vie ». A l'heure où les SIOS sont revus, il faut prendre soin de développer le travail en réseau et d'identifi er des centres « labellisés » travaillant en étroite collaboration avec les centres de brûlés pour la prise en charge des enfants brûlés ne relevant pas nécessairement d'une hospitalisation prolongée en centre de brûlés mais nécessitant cependant des soins spécialisés de qualité pour leur permettre une croissance normale sans séquelle fonctionnelle.

Anne LE TOUZE

 

Sommaire - Les articles

Tables Rondes du Congrès 2012
«Chirurgie : les couvertures définitives»

«Réanimation : le poumon du brûlé»

Ventilation percussive à haute fréquence chez le brûlé. Pourquoi ? Comment ?
F. Ravat, D. Jaudoin, H. Bruel, C. Ponthus, E. Chung, JC. Poupelin, J. Payre

Article original La réparation du préjudice corporel subi par une victime
V. Nakache, B. Perez

Notice nécrologique
Simone Teich Alasia

Mots clefs (indexation)

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